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Mon blog en Français.
Le chef du Hamas, يحيى إبراهيم حسن السنوار, Yahya Sinwar, a été "éliminé" par l'armée Israélienne.
J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois,
c'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice
créé par mon orgueil et mon ennui.—Delon, dictant son épitaphe.
Alain Delon est mort aujourd'hui. Il représentait ce qu'il restait de la France de mon enfance. Avec lui, qui n'était pourtant pas l'un de mes acteurs préférés, mon passé se ponctue d'un point d'exclamation.
Ah! Si c'est pour la France! Figurez vous que j'avais peur de trahir!—Le Guignolo.
Belmondo est mort aujourd'hui. C'était déjà une légende de son vivant. Pour ceux qui étaient, comme moi, enfants quand il était l'As des As, même ce cinéma plutôt médiocre était un pinacle du génie Français. Il avait, par sa désinvolture et son exubérance mêlée, le don de surjouer des navets en chefs-d'œuvres. Comme tout le monde, je l'aimais. Il est mort... c'est une part de ma France, celle qui n'existe plus, qui s'éloigne encore, qui existe encore moins.
Ce n'est plus qu'une question de semaines, peut-être de mois mais guère plus maintenant, où l'on passera à l'étape suivante, celle où la mort ne sera plus un tabou dans les manifestations parce qu'on l'aura inaugurée, intromisée et banalisée suite au premier à tomber, qui sera—parce que les autres ne compteront pas (accident, bavure)—un policier.
Aujourd'hui, lors d'une manifestation contre la sécurité globale, l'on a vu un policier recevoir un pavé sur la tête. Il n'a fait que rebondir. Sous le casque, on n'a apparamment qu'à peine ressenti le choc. La formation s'est crispée... un pavé, ça va, une pluie de pavé, ça pourrait se passer autrement. Mais rien de plus. Un peu de tension, guère plus que pour un mouvement de foule un peu volumineux ou un encerclement imprévu. La police est bien équipée, il ne s'est rien passé.
À propos du héros Dettinger, sur les quelques mots qu'il a présentés au peuple de France avant de se rendre à la police, l'on a entendu cette remarque:
Cette vulgarité crasse, cette insulte raciste et hautaine, c'est le président de la république lui même qui nous l'a gratifié.
Alors écoutons la, cette prose qui ne saurait être l'œuvre d'un Gitan:
Parlant des politiques:
Et sa conclusion, avec la voix chargée d'une émotion sincère:
Je faisais, avant noël, un parallèle entre les révolutionnaires de l'Ancien régime et ceux de la république néolibérale d'aujourd'hui, entre les sans-culottes et les gilets jaunes. S'il est bien une figure que j'ai oubliée lors de cet exercice—je veux dire, une figure notable (?!)—s'il est un personnage qui semble s'imposer comme une évidence des événements, l'une de celles à propos desquelles Hugo déclamait
s'il est un nom qui s'écrit déjà au côté de ses actes et de ses paroles dans les annales de l'Histoire, c'est Jérôme Rodrigues.
Jules Renard disait que s'il devait revivre sa vie, il n'y changerait rien. La seule différence, c'est qu'il ouvrirait plus grand ses yeux. Proust en quête de temps perdu écrivait que le seul véritable voyage, ce n'est pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux. Quand on a tout perdu, l'on dit qu'il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer. Et pour désigner ce qui nous est le plus précieux, ou le plus fragile, ou les deux à la fois, l'on dit aussi que l'on y tient comme à la prunelle de ses yeux. C'est d'ailleurs une expression que, sans surprise, l'on retrouve par delà les cultures sous une forme ou une autre: querer como a las niñas de sus ojos, to be the apple of one's eye, è la luce dei miei occhi, etwas wie seinen Augapfel hüten... Il semble que ce ne soit qu'en France, en revanche, que la police et le pouvoir aient pensé à cette méthode moderne de décourager les révoltes populaires: en crevant les yeux.
Nous vivons peut-être une période historique de l'Histoire de France, et par là même, de l'Histoire du monde, tant les révoltes hexagonales ont une propension à s'étendre sur le globe. Les tensions entre le monde d'hier, celui des nations pétries de leur specificités culturelles, et celui de demain, du mondialisme tirant à l'uniformité des droits et des devoirs de chacun, ces tensions là semblent tirailler les sociétés et les peuples au point de la déchirure. Il y a des craquellements aux quatre coins du monde. Mais à chaque fois, un rafistolement suffit pour que ça tienne encore un peu. Si rupture il doit y avoir, il ne serait pas surprenant qu'elle vienne de France, le pays du coq Gaulois, «le seul oiseau qui peut chanter les pieds dans la fange».
Il y a eu deux tragédies hors de toutes proportions dans les faits divers de France, qui, en marge de l'Histoire, narrent d'autres histoires peut-être plus poignantes encore que celle qui trame un destin national. L'une est une fiction, ce sont les Misérables de Victor Hugo. L'autre semble être moins réelle encore, c'est l'affaire Grégory.
C'est le premier anniversaire de l'armistice de la Grande Guerre qui sera commémoré sans poilu. Une page se tourne encore...
Coluche est mort il y a 25 ans.